le 30/01/2016 par SacreBleu
D.KARABOUÉ - T.SPINARDI - M.PERISIC - E.RENAUD - P.PASSEMARD - E.QUINTIN - JL.GUICHARD
Découverte des Entraîneurs U19, principaux acteurs de la filière française jeunes
EQ : "Éric QUINTIN, je suis l’entraîneur des différentes équipes de jeunes depuis six ans ; 4 ans comme adjoint et deux ans comme responsable du staff U19. "Chez les Bleus en tant que joueur, le technicien U19 fit partie des Bronzés en 1992 et de ceux que l'on appelle les Barjots en 1995. (Premier titre Championnat du Monde Handball)
PP : "Je m’appelle Patrick PASSEMARD. Je suis le plus jeune de l’Équipe de France, et à la fois le plus vieux du STAFF. C’est une découverte, et c’est un grand plaisir de m’associer dans le staff de l’Équipe de France jeunes."
MP : Mirko PERISIC, entraîneur du Pôle Espoir à Cesson-Sévigné et entraineur adjoint de l'équipe de France Jeunes. (2ème année avec Éric QUINTIN)
Nous nous sommes rendus compte en parcourant le palmarès des Jeunes, que les Équipes de France jeunes occupaient les dernières places du classement du TIBY ainsi que d’autres compétitions internationales. C’est à partir de 2007 que les jeunes ont commencé enfin à remporter quelques éditions, quel a été le déclic ?
EQ : Les Équipes de France de toutes les catégories jeunes ont progressé indéniablement. Portés par les résultats positifs de l’Équipe de France, il y a eu une réelle dynamique qui a été mise en place. Les résultats de cet été prouvent que tout le travail en Jeunes a passé un cap. Tous les moyens accordés à la formation payent. Mais attention les adversaires sont toujours de grande qualité. Par exemple, l’Allemagne dispose d’une belle génération.
Tout simplement, c’est le reflet des progrès réalisés dans les clubs, dans les détections, dans les pôles, dans la pré-formation, dans les centres de formation. Le Handball est devenu un sport attractif qui s’est énormément professionnalisé, et heureusement le travail a porté ses fruits. Le TIBY est l’exemple de ce professionnalisme.
Quelles sont vos impressions sur l'accueil, et l'organisation générale du Tournoi International Pierre-TIBY ?
EQ : Le TIBY est un tournoi référence chez les jeunes. Au fil du temps, chaque année, les éditions sont de meilleures qualités. Nous pouvons nous en apercevoir. C’est vrai que pour cette édition, le TIBY a passé un grand cap. En terme d’organisation et d’événement pur, il s’inscrit parmi les standards internationaux. Nous sommes accueillis sur le TIBY comme nous sommes accueillis sur les grandes compétitions internationales, Championnat du Monde et Europe.
Comment les adjoints aident l’entraîneur dans la réalisation de ses objectifs ?
MP : Nous essayons de bien travailler. C’est une tâche quotidienne. Les sélections nationales sont le résultat du travail des jeunes dans leur pôle, dans leur centre de formation. Nous entamons un programme ponctuel afin de préparer les prochaines compétitions. Nous avons deux ans pour préparer au mieux ces jeunes athlètes. Il faut créer une alchimie. Les bonnes relations entre ces jeunes sont importantes afin de favoriser la cohésion d’équipe et créer un esprit de groupe.
L’exigence et la rigueur doivent être le premier facteur de réussite. Ce sont des valeurs que nous essayons d’inculquer. Il n’y a pas de haut niveau sans intensité, sans exigence, sans combat. Nous essayons de les faire adhérer à notre philosophie de jeu.
EQ : Il y a aussi un énorme volume de travail. Dans leurs structures sportives d’origine, les garçons travaillent plus de 10h/ semaine, et je ne comptabilise pas les matchs le week-end. Depuis que Daniel CONSTANTINI a pris les rênes de l’Équipe de France (1985-2001), l’intensité des efforts a vraiment augmenté. À partir des années 1990, il y a une prise de conscience du haut niveau. Ce travail se transmet de génération en génération avec la diversité culturelle de notre pays. Nous pouvons observer une hausse considérable de nos licenciés. C’est logique qu’avec autant de travail, et autant de moyens, le niveau du Handball français s’est nettement amélioré.
Comment adaptez-vous une préparation physique pour les jeunes ?
PP : Ce n’est pas dans le cadre des sélections nationales que la préparation physique s’effectue. C’est dans le travail quotidien dans leur établissement d’origine. À nous donc de doser la charge de travail.
Aujourd’hui, nous avons plus de choix dans la pyramide des licenciés. Celle-ci s’élargit au fil des années. De 14 ans et cette période de détection jusqu’à 18 ans, les jeunes athlètes sont dans des structures (pôle) qui leur permettent de progresser leurs niveaux de Handball. Ils accumulent la répétition des efforts et à se renforcer physiquement. La musculation est un outil au service du Handball mais nous ne voulons pas créer des coureurs de 100m, ni des haltérophiles.
La force du Handball français est sa diversité de joueurs. Avec ce métissage, nous avons des athlètes rapides, puissants, explosifs, au service de leur créativité.
MP : Il faut aussi souligner le rôle de l’autonomie des joueurs. Les joueurs se prennent en main. Nous souhaitons leur laisser des responsabilités. La récupération, les étirements rentrent dans un processus global. Lorsqu’ils sont en stage, ce ne sont pas des stages de préparation physique. Un peu en été pour préparer la compétition, mais nous souhaitons trouver une cohésion d’équipe, pour qu’ils jouent correctement ensemble.
Quel est le programme jusqu’à samedi, jour de finale sur le TIBY ?
EQ : C’est 7 entrainements, 3 matchs pour un groupe de 18 joueurs dont 3 gardiens. Ensuite c’est un ensemble de 4 stages sur toute l’année puis deux stages de préparations plus intenses et un Championnat d’Europe.
6 stages et une compétition internationale pour découvrir un groupe et savoir quels sont les Minots qui mériteront le plus de porter ce maillot. Nous gardons toujours à l’esprit, la perspective de les amener au plus haut niveau. Nous visons le cap du professionnalisme et nous espérons pouvoir leur donner les clefs pour l’accès aux sélections en Équipe de France A.
Ce n’est pas évident, car ce sont des garçons que nous ne voyons pas souvent. Nous en découvrons certains car le territoire est tellement grand. Dans ces cas là, nous faisons confiance à nos conseillers. C’est du bouche à oreille. Nous avons que deux ans et donc très peu de temps pour réaliser tous nos objectifs.
En quoi le TIBY est important pour l’Équipe de France Jeunes ?
EQ : Ce stage est le stage de la découverte. C’est particulier. Il y a le plaisir de rencontrer de nouveaux joueurs dont nous connaissons les performances intéressantes déjà réalisé à l’étage en dessous. Il y a le plaisir de remettre en lumière ce que nous avons appris avec les formations précédentes.
Le TIBY est une organisation magnifique. Nous avons tout sur place. Le Comité 95, les bénévoles, tout le monde tirent dans la même direction. Une qualité d’habillage de plus en plus élevé, des supers adversaires, c’est un contexte favorable pour des garçons qui découvrent petit à petit le niveau international.
J’espère que les Minots se rendent compte de cette chance incroyable qu’offre ce tournoi. Maintenant, certains ont constitué l’Équipe de France Cadets, ils ont déjà un à deux ans d’expérience ensemble. Dans la « pouponnière », les groupes sont très renouvelés. En U19, c’est déjà un peu plus formel. C’est le point de départ d’une nouvelle aventure.
Nous avons pu lire, un super papier de l’ÉQUIPE qui valorisait la formation. (voir article) Claude ONESTA a répondu dans cette interview, je cite « Il faut les laisser tranquille » Il semble vouloir protéger les Jeunes. Partagez-vous le même point de vue ?
EQ : Ils entrent dans le monde professionnel. Nous ne pouvons pas les mettre dans du coton et leur faire croire que le monde est un monde de bisounours. C’est vrai, c’est évident, autour d’eux, il existe des personnes qui sont intéressées et pas forcément de manière altruiste. Pourtant, selon moi, le Handball ne crée pas encore des vedettes interplanétaires (ou alors une ou deux tous les 10 ans). Je ne suis pas plus inquiet que cela. Le Handball a des valeurs. De bons éducateurs sont en place. Ils transmettent des valeurs fortes de préservation et d’éducation.
C’est surement une demande vis à vis des médias. Il peut être dangereux de les mettre aussi vite dans la lumière. Si les médias le font, c’est qu’ils ont une bonne raison. Charge à nous de rendre les choses intelligentes. Il ne faut pas cacher les Minots si tout d’un coup il y a une valeur qui répond à un contexte professionnel. Ils sont intelligents, j’espère qu’ils le resteront. Il ne faut pas les protéger outre mesure.
PP : Attention à la surexposition médiatique oui.
Vous parlez de Handball professionnel, sentez-vous un meilleur taux d’intégration des jeunes français en LNH ? Les professionnels arrivent-ils mieux à vivre grâce au Handball par rapport à il y a quelques années ?
PP : Le contexte professionnel est en perpétuelle évolution, nous vivons mieux de l’activité Handball aujourd’hui, comparé à il y a dix ans. De plus, la LNH a prit beaucoup d’ampleur. Beaucoup d’étrangers arrivent en France et sont intéressés par le Championnat de France. L’accès à la LNH devient une marche importante et pas forcément facile à gravir.
Comme l’a souligné Éric, je pense que pour les tous meilleurs, la qualité de la formation, leur parcours, leur état d’esprit doivent leur permettre de pouvoir s’exprimer tranquillement dans ce monde. Les places vont devenir certes de plus en plus chères.
Il faut aussi veiller à la manière dont ils vont vivre ce professionnalisme notamment la génération qui vient de passer. Récemment, nous avons pu observer un match opposant IVRY-AIX, certains jeunes joueurs sont déjà capables de prendre le jeu à leur compte. Ils sont déjà des joueurs de haut-niveau et disposent de responsabilités accrues dans leur équipe de professionnel. C’est très encourageant.
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